Drancy, 17 août [1942]
Ma petite chérie,
Veux-tu immédiatement faire venir l’acte de baptème de papou, de ses frères et mère et
4 grands parents, ne pas les attendre tous et les faire parvenir au fur à mesure pour ne
pas perdre de temps pour moi. Manges-tu et que fais-tu ? Tu es toute ma pensée. As-tu
vu Mme Fléche, tu pourrais lui rendre ses tickets de pain qui sont dans mon sac dans le
portefeuille. Ne reste pas seule. Vois-tu Ilsie, Hélène. Et le petit oiseau, vit-il toujours ?
Ferme toutes les persiennes et ne laisse rien s’abîmer. As-tu des nouvelles d’Henry ?
Tu voudras bien penser aussi à la tombe de Margot. Tu trouveras la date (illisible) je
crois dans les papiers de Roblot ! Je voudrais que tu m’envoies la couverture rouge qui
est dans la chambre en haut ou celle du divan rouge, mais rien de beau surtout un petit
drap dans ton armoire, ma robe de lamé noire avec sa ceinture dans la penderie, 2
combinaisons, 2 pantalons, 2 serviette toilette, 2 de table papier, 1 torchon, 1 chiffon, 2
gants de toilette, ..(illisible) 1 chemise de nuit mon peignoir bleu, papier hygie, mes
souliers de bois les derniers 2 paires de bas dans un sac derrière le linge 3e ou 4e
planches, du coton à repasser, le dé qui est dans la poche de ton peignoir bleu , du
savon de Marseille, un crayon, 1 brosse à dents que tu achèteras du dentifrice mon lait
de toilette avec ouate, mon fillet à tête, une épingle à cheveux. Prends le linge le moins
bien. Si tu reçois tes pommes de terres fais m’en cuire quelques unes, 2 ou 3 tomates
crues du sucre le termos avec café, une gamelle que tu achèteras en aluminium, aussi
une tasse, une assiette, et cuillère et fourchette et pour me ravitailler ce que tu trouveras
mais rien de périssable. Vas au restaurant de Neuilly, tu y auras peut-être des oeufs.
Pense à ton (illisible) n’oublie pas de changer ta carte d’alimentation à la date. Pense
aussi à La Fontaine et je compte sur toi pour ne rien oublier. Je veux avoir du courage
pour toi et entends toujours tes dernières paroles. Je veux te revoir t’embrasser et te
demande de ne pas m’oublier de m’écrire souvent pour que je puisse tenir jusqu’au
bout. Pauvre Mimi quelles seront tes vacances. Je t’envoie ma chérie tous les baisers
que j’ai la force de t’envoyer.